يد واحده ما تصفق

Yedd ouahda ma tsafek
Une main toute seule ne peut pas applaudir

samedi 23 avril 2011

Paul Klee, peintre à Tunis :

Introduction :
Paul Klee, de nationalité allemande du coté de son père, né le 18 décembre 1879 à Münchenbuchsee. Il grandit dans une famille musicienne et, de ce fait, apprit tôt à jouer du violon. Après l’obtention de son bac, n’étant pas admis à l’Académie des Beaux-arts de Munich, il intègre l’Académie Franz von Stuck en 1900 et la quitte un an plus tard. Il réalise ensuite de nombreuses critiques de théâtre et devient membre d’un orchestre jusqu’à son mariage en 1906 avec Lily Stumpf, une pianiste. Dès lors, il s’occupe du ménage et de leur fils Félix qui nait en 1907. Parallèlement il continue à faire évoluer son œuvre jusqu’à son voyage à Tunis en 1914 où il se révéla véritablement en tant que peintre.



Avant le voyage à Tunis :
L’œuvre de Paul Klee se caractérise dès son commencement par une recherche sur la couleur ainsi que sur le graphisme. Ainsi, nombres de ses premiers tableaux, bien qu’ils semblent extrêmement différents, témoignent d’une évolution.



Dans la carrière d'Ostermundigen, deux grues.

Lorsqu’il réalise Dans la carrière d’Ostermundigen, deux grues, en 1907, Paul Klee mélange plusieurs techniques de dessin et de couleurs qu’ils maitrisent et auxquelles ils portent un intérêt évident. On observe en effet l’utilisation de la plume qui lui permet d’obtenir un trait fin et précis qui délimite en partie les différentes surfaces. Il associe cette technique à une superposition de couleurs à l’eau afin de former des dégradés de bleu, vert, brun qui finissent de limiter les différentes zones. Enfin un travail appondit du fusain ainsi que les différentes intensités du tableau, permises par des dégradés sombres, donne au dessin une certaine noirceur sûrement souhaitée par Klee.

Il est à noter que les carrières d’Ostermundigen étaient un lieu apprécié de Paul Klee sur lequel il se rendait régulièrement et trouvait son inspiration.

A l’inverse, pour le tableau Portrait d’enfant, 1908. Paul Klee fait intervenir de plus en plus la lumière avec la méthode du « clair obscur » en superposant des couleurs grises et noires tons sur tons. Celles-ci donnent différentes intensités au tableau, ce que Paul Klee appelle : la tonalité. Klee confirme ici sa vocation de peintre en produisant cette aquarelle dans laquelle la préoccupation du détail n’a pas son importance. Ici, le dessinateur laisse donc progressivement place au peintre.

Cet intérêt porté à la lumière se révèle de plus en plus lors de son voyage à Tunis et même après.


C’est en 1913 que Moilliet propose à Klee de partir à Tunis avec lui, le voyage est cependant repoussé. Klee, enthousiaste, convint finalement ses camarades, Macke et Moilliet de tenter l’expérience en 1914. Pour financer celui-ci il vend quelques uns de ses tableaux.Aprés une traversée de la Suisse et du Sud de la France, il arrive finalement arrive le 5 avril à Marseille, où il rencontre Louis Moilliet et Auguste Macke. Le lendemain, ils partent à Tunis, réalisent des aquarelles sur le port et écoutent un concert arabe le soir même. Ils iront ensuite à St germain puis à Hammamet en train. Après avoir enrichit leur manière de peindre en multipliant les aquarelles de paysages, ils retournent à Tunis le 18 avril. Le lendemain, Klee rentre seul à Munich. C’est la fin de ce voyage pour Paul Klee, voyage devenu un « événement clé de l’histoire du XXème siècle et un mythe de l’art moderne ».





La principale raison qui pousse nos trois peintres européens à découvrir la Tunisie est la curiosité. Ils ne connaissent en effet l’Orient qu’à travers les œuvres de Delacroix telles que Femmes d’Alger dans leurs appartements (1834). Ainsi que l’image apportée par la colonisation, celle de la lumière, la sensualité, la chaleur.




Femme d’Alger dans leurs appartements, Delacroix, 1834
A son arrivée à Tunis Paul Klee n’est pas déçu. Ce qu’il pensait être une source d’inspiration, s’avère être une véritable révélation artistique. En effet, les couleurs chaudes et diverses de la terre tunisienne exaltent sa créativité et lui font oublier quelque peu le clair-obscur. La plupart des aquarelles qu’il réalise alors sont extrêmement colorées. Pour cela il utilise des teintes variées qu’il juxtapose avec réflexion afin de donner au dessin la personnalité qu’il souhaite. Ce procédé s’observe notamment avec l’œuvre Maisons rouges et jaunes à Tunis. Cette aquarelle, une des premières réalisées au cours de son voyage décisif, transcrit l’émotion, la vision qu’il a eu à ce moment là du paysage. On note par ailleurs que la couleur rouge est placée au centre du tableau. Paul Klee aimait en effet particulièrement cette couleur: Les différences entre le rouge et une couleur qui n’en contient pas sont si grandes! Mais ce qui m’intéresse, ce n’est pas de me demander ce qu’est le rouge, mais plutôt ce qui n’a pas de rouge.»


Paul Klee, Maisons rouges et jaunes à Tunis, 1914.
Il faut préciser par ailleurs que sa rencontre avec Delaunay deux ans avant Tunis est pour quelque chose dans cette évolution. Ce peintre français avait en effet partagé sa théorie sur la lumière. Avec celle ci Delaunay donnait un rôle important primordial à la lumière, elle devait avoir plus de valeur que les objets représentés.

Le second changement notable s'opère au niveau du trait et de la forme que Klee souhaite donner au choses. Non seulement l'architecture orientale est différente de l'occidentale mais l'atmosphère chaude et les symboles de l'orient; la lumière, la sérénité, la sensualité; stimule Klee qui choisit de représenter comme un ensemble de formes géométriques emboités les unes dans les autres. Cette disposition associé la juxtaposition de couleurs leui permet de représenter l'espace sans avoir recours à la perspective. Ce procédé s'observe notamment sur les aquarelles de St Germain ( Ez-Zahra, de nos jours) telles que Saint germain.

Paul Klee - Saint-Germain - Tunisie - aquarelle

Combinaison de forme et de couleurs qui permet de rendre l’espace présent recours sans avoir à la perspective.



Paul Klee - Saint-Germain - Tunisie - aquarellehttp://masmoulin.blog.lemonde.fr/2009/06/09/laquarelle-paul-klee-la-pratiqueeet-aussi-la-musique/



Kairouan, Louis Moilliet, 1914





Paul Klee, Vue de Kairouan , aquarelle et crayon sur papier et sur carton, 8.4 x 21.1 cm, 1914 – Wappertal, Von der Heydt Museum






Kairouan (III), 1914
Auguste Macke

Après :


On remarque pour ces 3 tableaux, que celui de Paul Klee se distingue par son utilisation des teintes jaune-orangées pour faire ressortir cette lumière très présente à Tunis. Macke, lui, utilise des couleurs dans les tons roses et un dégradé de bleu pour le ciel. En revanche, Moilliet met en place des reliefs dans son tableau, on remarque également la présence de personnages à droite du tableau, aucun personnage n’apparait dans les tableaux de Klee et Macke. Néanmoins, on sait que l’atmosphère des trois tableaux est très similaire du fait qu’ils ont vécu cette expérience ensemble. Tunis a eu sur eux trois la même influence des couleurs et des formes qui leur permit cette évolution dans leurs peintures.




Conclusion :

Avec l’exemple de la roseraie, tableau qu’il peint avant son voyage, on peut noter la différence flagrante concernant l’atmosphère de ce tableau et du tableau vue sur Kairouan .peint lors de son voyage à Tunis. Dans la roseraie, les teintes sont clairement roses et les couleurs sont affirmées et vue sur Kairouan met en valeur la chaleur et la lumière ressentie par Klee à Tunis, par des teintes claires lumineuses de jaune et d’orange. Si on observe l’œuvre entière de Paul Klee, on constate que le voyage à Tunis lui a permit d’enrichir sa manière de peindre en utilisant d’autres formes et couleurs, qu’il n’utilisait pas avant et de changer définitivement son rapport à la peinture.




Carrière




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Ecrit par Alexandra GENET et Laurina GUILLAUBY

1 commentaire:

  1. très intéressante critique de ce séjour en Tunisie qu'un ami m'a transmis en parraléle à l'exposition actuelle au centre Pompidou à Paris.

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