La colonisation a toujours existé, depuis que les hommes voyagent et cherchent toujours à agrandir leur territoire. Mais, durant les dix-neuvième et vingtième siècle, la colonisation s’accentue notamment dans le territoire africain où les pays riches colonisateurs imposent sous différentes formes leur gouvernement. L’Algérie est un pays colonisé par les Français depuis 1830 où une administration directe est exercée, qui a été divisé entre trois départements français. Mais après plus d’un siècle de soumission, le FLN est créé en Algérie et se révolte afin de récupérer son indépendance. Débute alors la guerre d’Algérie en 1954 entre les indépendantistes et les colonisateurs qui prendra fin en 1962 avec les accords d’Evian. Pour témoigner de ces conflits, Saïd Ferdi nous fait part de son histoire durant la guerre avec son autobiographie « Un enfant dans la guerre »(1981), où il nous raconte ce qu’il a vécu dans les deux camps. Ainsi, nous pourrons nous demander comment il a vécu cette période de guerre. Afin de répondre à cette question, nous verrons dans un premier temps la situation de Saïd Ferdi avant la guerre, dans un deuxième temps la période pendant laquelle il aura été dans le camp du FLN, et dans un troisième et dernier temps la période pendant laquelle il aura été prisonnier des Français.
Saïd Ferdi est né en 1944 dans un petit village appelé N’Gaous proche des Aurès en Algérie. Ce vaste territoire montagneux est situé à l’est de l’Algérie dans lequel une tribu berbère vit : les Chaouis. Ces montagnes servirent de cachette pour les membres du FLN lors de la guerre pour l’indépendance et qui se firent même surnommés « les hommes invisibles » par l’armée Française. Saïd vient d’une famille nombreuse constituée de 14 enfants. Sa mère reste à la maison mais son père travaille quant à lui pour de riches propriétaires en tant que cultivateur. Bien que la famille n’ait pas un niveau de vie aisé, tous les enfants vont à l’école qui est payante, car il était important pour le père de Saïd que tous ses enfants aient le droit à l'éducation, même ses filles. Il estimait que cela pouvait leur être utile pour leur avenir, et ne voulait pas que ses enfants connaissent la même misère que lui. A l'école, Saïd abordait souvent le sujet du colonialisme avec les autres élèves lors de représentations destinées à éveiller l’esprit des gens, mais ce n’était guère efficace étant donné l’inculture de ceux-ci. Saïd était révolté par cette indifférence, et voulait agir plus violemment, mais c’était un risque que l’instituteur ne voulait pas courir. A l’âge de neuf ans, Saïd a monté un sketch avec ses camarades composé de poèmes sur la libération et la nécessité pour son peuple de prendre en charge sa propre destinée. Mais le lendemain, l’instituteur s’est vu remettre une amende ainsi que plusieurs gifles par le caïd du village, qui est un des chefs du village, l’autre étant le maire. Le sujet de la libération était donc interdit et passible d’une peine de prison.
En 1954, il apprit par les Français que des hors-la-loi étaient cachés dans les montagnes, tuaient des gens et brûlaient leurs maisons. L’administration invitait la population à fournir des renseignements qui pourraient permettre la capture de ces personnes. Mais le bruit courait que ces prétendus hors-la-loi luttaient en réalité contre le colonialisme Français. Peu à peu, l’administration confisqua les armes des villageois, fouilla les maisons, et les rassemblements furent interdits. Fin 1955, les révolutionnaires étaient reconnus en tant que tels par la majorité de la population, du fait du comportement de Français qui enfermaient bon nombres d’innocents. Plusieurs villageois se rallièrent alors aux révolutionnaires. Beaucoup d'horreurs furent commises par les deux camps : enlèvements, tortures, assassinats, pillages...A partir de l'année 1956, les deux frères de Saïd de 19 et 27 ans se rallièrent eux-aussi au FLN. Malgré sa sympathie pour le FLN, Saïd avait peur pour ses frères. Fin 1957 et surtout en 1958 Saïd fut utilisé comme messager par le FLN, car ils pensaient qu'il était insoupçonnable aux yeux des Français. Les missions se firent de plus en plus fréquentes, et si Saïd n'obéissait pas, sa famille avait des ennuis. Bien que Saïd désirait la libération de son peuple, il n'approuvait pas les méthodes employées par le FLN pour se faire entendre. Il était écœuré et n'avait pas envie de devenir leur complice, mais il n'avait guère le choix et agissait surtout par crainte.
Le 3 mars 1958, à l’âge de 14 ans, Saïd se fait arrêté par les Français pour, lui dit-on, vérifier son identité. Mais ils suspectaient en fait Saïd car un de ses livres d'école contenait des chants patriotiques Algériens. Les Français voulaient qu'il dénonce des membres du FLN. Saïd subit alors un interrogatoire, mais comme il ne répond rien, un gradé le frappa à coup de canne sur la tête jusqu'au sang, puis des soldats le torturèrent en l'électrocutant. Au bout d'un vingtaine de minutes, le capitaine de la caserne le détacha et l'emmena dans la cuisine. Les Français décident alors de garder Saïd pour le protéger du FLN. Le lendemain il eut droit à une visite de son père, mais ce fût la dernière fois qu'il le vît. Par la suite, Saïd fût enfermé jour et nuit mais il eût ensuite le droit d'aller et venir dans la caserne, et il travaillait dans la cuisine. Un jour, Saïd fût battu et torturé par l'adjudant et un caporal saoûl, et fût à nouveau sauvé par le capitaine. Deux mois plus tard, à partir de juin 1958, Saïd allait souvent en opération avec les soldats Français. Il assistait alors à des bombardements, des fouilles, des interrogatoires, et surtout toutes sortes d'horreurs. Voici un extrait du livre qui relate une de ces opérations : « Le jour levé nous ratissâmes la zone. […] Quand nous atteignîmes les premières maisons, je vis là des choses horribles. Une vingtaine de corps d’hommes, de femmes et d’enfants jonchaient le sol, brûlés, déchiquetés par les obus et les balles. Une douzaine de vieillards, quelques femmes et des enfants étaient encore là, à côté. Tous les civils qui avaient été capables de fuir, essentiellement les hommes, étaient partis dans la nuit avec les fells (1), connaissant leur sort s’ils étaient tombés entre les mains des Français. Plus loin, il y avait cinq corps éventrés et égorgés. Une vieille femme raconta que les fells, croyant que ces cinq hommes avaient averti les Français de leur présence, les avaient tués. Ordre fut donné de prendre tout ce que l’on voulait dans les maisons et de les incendier, ceci pour détruire les lieux de repli et de ravitaillement des fells ». Ces épreuves ont été très dures pour Saïd et fût davantage frappé par ces tueries que par les séances de tortures qu'on lui avait fait subir. Pour lui, aucune cause ne peut être défendue au moyen de ces crimes, même l'indépendance de son pays.
Le 19 mars 1962, le cessez-le-feu fût déclaré dans la caserne. Dans l'après-midi, le capitaine explique à Saïd que la seule solution pour lui est d'aller en France à cause de son passé. Nombre de soldats désertèrent alors, mais bien que Saïd était tenté, il n'en fit rien. Un peu plus tard, le capitaine conseilla à nouveau à Saïd de partir en France, et celui-ci décida de le faire, non par crainte mais par culpabilité de n'avoir pu aider les révolutionnaires à lutter. Il préférait le chemin de l'exil à celui de la facilité. Le 26 avril, il quitta la caserne. A l'épilogue du livre, Saïd nous explique que pour lui les Algériens avaient le droit de se révolter pour se débarrasser d'une dictature coloniale qui les privait de tous les droits qu'un être doit avoir. Quant au comportement de l'armée, il lui semble qu'il ne fut ni pire ni meilleur que les autres. Pour lui, chaque participant a eu sa part de culpabilité. Pour finir, il lui explique qu'il ne faut surtout pas oublier la guerre d'Algérie, car l'oubli est parfois synonyme de recommencement, ni condamner les hommes responsables de ce drame. Le temps du pardon est venu et chacun doit garder au fond de lui le souvenir de ces souffrances endurées et l'espoir de fraternité qu'il fait naître, afin d'éviter une autre erreur humaine.
Saïd Ferdi est né en 1944 dans un petit village appelé N’Gaous proche des Aurès en Algérie. Ce vaste territoire montagneux est situé à l’est de l’Algérie dans lequel une tribu berbère vit : les Chaouis. Ces montagnes servirent de cachette pour les membres du FLN lors de la guerre pour l’indépendance et qui se firent même surnommés « les hommes invisibles » par l’armée Française. Saïd vient d’une famille nombreuse constituée de 14 enfants. Sa mère reste à la maison mais son père travaille quant à lui pour de riches propriétaires en tant que cultivateur. Bien que la famille n’ait pas un niveau de vie aisé, tous les enfants vont à l’école qui est payante, car il était important pour le père de Saïd que tous ses enfants aient le droit à l'éducation, même ses filles. Il estimait que cela pouvait leur être utile pour leur avenir, et ne voulait pas que ses enfants connaissent la même misère que lui. A l'école, Saïd abordait souvent le sujet du colonialisme avec les autres élèves lors de représentations destinées à éveiller l’esprit des gens, mais ce n’était guère efficace étant donné l’inculture de ceux-ci. Saïd était révolté par cette indifférence, et voulait agir plus violemment, mais c’était un risque que l’instituteur ne voulait pas courir. A l’âge de neuf ans, Saïd a monté un sketch avec ses camarades composé de poèmes sur la libération et la nécessité pour son peuple de prendre en charge sa propre destinée. Mais le lendemain, l’instituteur s’est vu remettre une amende ainsi que plusieurs gifles par le caïd du village, qui est un des chefs du village, l’autre étant le maire. Le sujet de la libération était donc interdit et passible d’une peine de prison.
En 1954, il apprit par les Français que des hors-la-loi étaient cachés dans les montagnes, tuaient des gens et brûlaient leurs maisons. L’administration invitait la population à fournir des renseignements qui pourraient permettre la capture de ces personnes. Mais le bruit courait que ces prétendus hors-la-loi luttaient en réalité contre le colonialisme Français. Peu à peu, l’administration confisqua les armes des villageois, fouilla les maisons, et les rassemblements furent interdits. Fin 1955, les révolutionnaires étaient reconnus en tant que tels par la majorité de la population, du fait du comportement de Français qui enfermaient bon nombres d’innocents. Plusieurs villageois se rallièrent alors aux révolutionnaires. Beaucoup d'horreurs furent commises par les deux camps : enlèvements, tortures, assassinats, pillages...A partir de l'année 1956, les deux frères de Saïd de 19 et 27 ans se rallièrent eux-aussi au FLN. Malgré sa sympathie pour le FLN, Saïd avait peur pour ses frères. Fin 1957 et surtout en 1958 Saïd fut utilisé comme messager par le FLN, car ils pensaient qu'il était insoupçonnable aux yeux des Français. Les missions se firent de plus en plus fréquentes, et si Saïd n'obéissait pas, sa famille avait des ennuis. Bien que Saïd désirait la libération de son peuple, il n'approuvait pas les méthodes employées par le FLN pour se faire entendre. Il était écœuré et n'avait pas envie de devenir leur complice, mais il n'avait guère le choix et agissait surtout par crainte.
Le 3 mars 1958, à l’âge de 14 ans, Saïd se fait arrêté par les Français pour, lui dit-on, vérifier son identité. Mais ils suspectaient en fait Saïd car un de ses livres d'école contenait des chants patriotiques Algériens. Les Français voulaient qu'il dénonce des membres du FLN. Saïd subit alors un interrogatoire, mais comme il ne répond rien, un gradé le frappa à coup de canne sur la tête jusqu'au sang, puis des soldats le torturèrent en l'électrocutant. Au bout d'un vingtaine de minutes, le capitaine de la caserne le détacha et l'emmena dans la cuisine. Les Français décident alors de garder Saïd pour le protéger du FLN. Le lendemain il eut droit à une visite de son père, mais ce fût la dernière fois qu'il le vît. Par la suite, Saïd fût enfermé jour et nuit mais il eût ensuite le droit d'aller et venir dans la caserne, et il travaillait dans la cuisine. Un jour, Saïd fût battu et torturé par l'adjudant et un caporal saoûl, et fût à nouveau sauvé par le capitaine. Deux mois plus tard, à partir de juin 1958, Saïd allait souvent en opération avec les soldats Français. Il assistait alors à des bombardements, des fouilles, des interrogatoires, et surtout toutes sortes d'horreurs. Voici un extrait du livre qui relate une de ces opérations : « Le jour levé nous ratissâmes la zone. […] Quand nous atteignîmes les premières maisons, je vis là des choses horribles. Une vingtaine de corps d’hommes, de femmes et d’enfants jonchaient le sol, brûlés, déchiquetés par les obus et les balles. Une douzaine de vieillards, quelques femmes et des enfants étaient encore là, à côté. Tous les civils qui avaient été capables de fuir, essentiellement les hommes, étaient partis dans la nuit avec les fells (1), connaissant leur sort s’ils étaient tombés entre les mains des Français. Plus loin, il y avait cinq corps éventrés et égorgés. Une vieille femme raconta que les fells, croyant que ces cinq hommes avaient averti les Français de leur présence, les avaient tués. Ordre fut donné de prendre tout ce que l’on voulait dans les maisons et de les incendier, ceci pour détruire les lieux de repli et de ravitaillement des fells ». Ces épreuves ont été très dures pour Saïd et fût davantage frappé par ces tueries que par les séances de tortures qu'on lui avait fait subir. Pour lui, aucune cause ne peut être défendue au moyen de ces crimes, même l'indépendance de son pays.
Le 19 mars 1962, le cessez-le-feu fût déclaré dans la caserne. Dans l'après-midi, le capitaine explique à Saïd que la seule solution pour lui est d'aller en France à cause de son passé. Nombre de soldats désertèrent alors, mais bien que Saïd était tenté, il n'en fit rien. Un peu plus tard, le capitaine conseilla à nouveau à Saïd de partir en France, et celui-ci décida de le faire, non par crainte mais par culpabilité de n'avoir pu aider les révolutionnaires à lutter. Il préférait le chemin de l'exil à celui de la facilité. Le 26 avril, il quitta la caserne. A l'épilogue du livre, Saïd nous explique que pour lui les Algériens avaient le droit de se révolter pour se débarrasser d'une dictature coloniale qui les privait de tous les droits qu'un être doit avoir. Quant au comportement de l'armée, il lui semble qu'il ne fut ni pire ni meilleur que les autres. Pour lui, chaque participant a eu sa part de culpabilité. Pour finir, il lui explique qu'il ne faut surtout pas oublier la guerre d'Algérie, car l'oubli est parfois synonyme de recommencement, ni condamner les hommes responsables de ce drame. Le temps du pardon est venu et chacun doit garder au fond de lui le souvenir de ces souffrances endurées et l'espoir de fraternité qu'il fait naître, afin d'éviter une autre erreur humaine.
(1) : Les fells sont les révolutionnaires extrémistes Algériens qui se battent pour l’indépendance de l’Algérie. Ils font partie du FLN, Front de Libération Nationale, créé en 1954.
Six chefs du FLN avant le déclenchement de l'« insurrection du 1er novembre 1954 ».
Debouts, de gauche à droite : Rabah Bitat, Mostefa Ben Boulaïd, Didouche Mourad et Mohammed Boudiaf. Assis : Krim Belkacem à gauche, et Larbi Ben M'Hidi à droite.
Debouts, de gauche à droite : Rabah Bitat, Mostefa Ben Boulaïd, Didouche Mourad et Mohammed Boudiaf. Assis : Krim Belkacem à gauche, et Larbi Ben M'Hidi à droite.
Travail réalisé par Grâce et Kassandra (1ère L2 d'Epinal)
Un témoignage difficile mais qui rend compte que les Algériens subissaient la répression et des Français et du FLN et que les tueries, nombreuses, sont importantes entre les différents mouvements indépendantistes algériens. SG
RépondreSupprimerTravail intéressant qui montre l’utilisation des enfants par les deux camps.EA
je viens de lire son livre bouleversant ,said ferdi a vécu l'enfer ,il était et reste un homme sans haine , plein d'amour , un grand homme
RépondreSupprimerun livre parfaitement descriptible de la guerre
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