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dimanche 1 mars 2009

Tunis et les tunisiens sous le protectorat Français









En 1850, malgré son titre de "province Ottomane", la Tunisie est soumise aux européens d'un point de vue militaire et économique. En effet, le bey Ahmed voulait renforcer cette province Ottomane qu'il dirigeait par des réformes politique et militaire afin d'éviter l'invasion des français sur ce territoire à l'instar de l'Algérie, envahie en 1830. Mais ces réformes ont produit l'effet inverse: non seulement la nouvelle armée se retrouve sous tutelle de l'armée française mais aussi la Tunisie connaît de graves difficultés économiques qui sont la conséquence des sécheresses à répétitions et du détournement de fond par Mustapha khaznadar, premier ministre du Bey, qui fuira avec la trésorerie du pays. Placée sous tutelle internationale en 1869 par la banque européenne qui la juge incapableà rembourser ses dettes, la Tunisie sera disputée par plusieurs pays,notamment par l'Italie et la France. Mais sous prétexte que les Kroumirs franchissent la frontière de l'Algérie qui était un territoire français, les troupes françaises envahissent le territoire tunisien en avril 1881 et c'est officiellement le 12 mai 1881 que Saddok Bey signe le traité du Bardo qui place alors la Tunisie sous tutelle française.


Le traité prive l'État tunisien du droit de légation actif en chargeant « les agents diplomatiques et consulaires de la France en pays étrangers [...] de la protection des intérêts tunisiens et des nationaux de la régence ».

Cetraité qui ne mentionne pas encore le nom de "protectorat", présente un intérêt financier à la Tunisie ainsi qu'un appui moral et politique assuré par la France, en partie de sa présence militaire temporaire et la présence d'un résident général qui s'occuperait de la politique extérieure. Or, aussitôt tout cela devient une simple théorie et le pouvoir accordé au résident général ne cesse de s'étendre jusqu'à laisser au bey seulement un rôle honorifique.

Les tunisiens réagissent alors face à l'occupant français, la montée des résistants est mené par Ali BenKhalifa mais ils sont vite apaisés: l'administration au niveau de la ville et la direction des gouvernerats sont cédées aux tunisiens.

Quel sont alors les impacts sociaux et culturels du protectorat de 1881 jusqu'à l'indépendance? Dans un premier temps nous verrons les mutations subies par la ville de Tunis ; puis nous étudierons l'aspect social et les transformations générées par le protectorat sur la population.
L'arrivée des Français à Tunis marque un tournant radical pour la ville...En effet, la ville qui, autrefois s'arrêtait aux rempars hérités des Hafsides, s'étend dés lors et très rapidement au delà de ces fortifications. Ainsi, la ville de Tunis se dédouble : d'un côté de la barrière, la médina, ville archaïque où vit une société tunisoise arabe et juive traditionnelle, et au delà de Bab Bhar ou "porte de France" la nouvelle ville appelée "quartiers européens" où s'installent les européens. Le contraste entre ces deux parties de la ville repose non seulement sur les personnes qui y vivent mais aussi sur le plan et l'architecture de ses habitats.
La médina, aux étroites ruelles, est très complexe tandis que la nouvelle ville, de son plan urbain orthogonal,est beaucoup plus aérée grâce à ses larges avenues calquées sur le modèle typiquement européen de l'art nouveau et de l'art déco (façades sur rue richement décorées, vérandas, balcons, etc) donnent une allure plus esthétique à cette ville.
L'arrivée des Français a également permis à la ville de se doter d'un réseau d'eau courante, de gaz naturel et d'électricité, mais aussi la mise en place des égouts. En effet, la France encourage la sédentarisation alors l'essor urbain entraîne une modernisation de laville. Par ailleurs, les infrastructures ferroviaires, routières et portuaires se développent, le "Tunis Goulette Marsa" (ou TGM), premier réseau de transport urbain,permet de relier Tunis à la Marsa (banlieue nord) en passant par la Goulette(le port) en longeant le lac de Tunis. ( attention rectification TGM est d'origine italienne)






Cependant la deuxième guerre mondiale marque un temps d'arrêt dans le développement de la ville qui ne reprendra seulement après la guerre où la nouvelle ville s'étendra de plus en plus et dynamisera alors les ecteurs industriel modernes qui diversifie ses activités au détriment del'artisanat, l'activité économique majeure au sein de la Médina, qui décline progressivement. C'est pourquoi les Tunisois, anciens habitants de la Médina, la quittent et s'intègrent petit à petit dans la nouvelle ville. Ils s'installeront surtout en banlieue nord qui deviendra dès lors le fief de la bourgeoisie tunisoise.
Les développements divers que connaît la ville attirent la population rurale qui est à la recherche d'emploi dans les nouvelles industries car la plupart d'entre eux ont perdu leurs terres par les européens qui mécanisent le secteur agricol de manière à exporter toutes les productions en Europe, tels que les vignobles, les agrumes et les huiles d'olives. Mais l'exode rural massif de cette population rurale, qui servira de main d'œuvre peu chère à ces usines, donnera naissance à des faubourgs d'habitats spontanés (ou "Gourbi ville")aux périphéries de la ville où s'entasseront les populations les plus pauvres dans des conditions de vie d'extrême précarité.
Durant cette période de "protection" par les français, la société tunisienne se voit évoluer. En effet, les Français s'imposent à travers les institutions : l'éducation, qui se trouvait auparavant beaucoup sous forme d'enseignement traditionnel dans les mosquées (puisque le seul collége sadiki qui etait alors le seul etablissement d'enseignement moderne fondée en 1875 par kheirredine pacha), devient l'outil de promotion social et de diffusion des valeurs plus modernes et libérales aux tunisiens. Ils instituent également des écoles de filles qui donneront ainsi pour la première fois l'accés à l'éducation aux filles.
De plus, grâce au système bilingue arabe et français, une grande opportunité de se former dans les deux langues est donnée à l’élite tunisienne. Cependant, Habib Bourguiba a déclaré en 1958 : "...je medisais que, si l’appareil de l’État passait entre nos mains, nous nous attaquerions en priorité au problème de l’enseignement.". Cela montre le fait que les Français voulaient assimiler la population tunisienne en ne respectant donc pas les traditions de la culture tunisienne, le phénomène de naturalisation (surtout des Juifs Tunisiens) et le contrôle exercé sur la presse par les autorités du protectorat français le justifientbien. Ce n'est que dans l'entre-deux-guerre que l'édition arabophone des œuvres de l'élite et des activités d'associations comme la Khaldounia ou le club des anciens du Collège Sadiki prend sa place dans le monde de la presse.
Toutefois, la dégradation de la situation sociale et économique progressive, entraîne une émergence d'un sentiment national. Tout d'abord les "Jeunes Tunisiens" (1907), se constituent d'intellectuels issus du Collège Sadiki et de l'Université Zitouna, notamment avec Ali BachHamba et Béchir Sfar.



Suite aux émeutes des années 1911 et 1912,comme l'incident du Djellaz (Un conflit sanglant qui a opposé la population civile tunisienne à l’occupant français qui voulait inhumer des naturalisés français dans le cimetière musulman du Djellaz à Tunis.), ce parti nationaliste de courant évolutionniste devient l'objet d'une répression très dure. Puis, ce mouvement nationaliste reprend après la Première Guerre Mondiale, avec la création du Destour en 1920, fondée par Cheikh Abdelaziz Thâalbi. Le Destour ou archeo-destour(appelation actuelle pour le différencier du neo-destour)est issue du partie traditionaliste panislamique, il rassemblera les jeunes intellectuelles de l'époque tel que Tahar Haddad (syndicaliste et millitant de la libertée de la femme), ou encore Habib Bourguiba qui quittera le parti en 1925 suite à une mésentante avec le leader du parti de l'epoque Mohieddine Klibi, pour fondé plus tard en 1934 le Néo-Destour.
Il y a là une radicalisation du mouvement nationaliste au fil du temps, puisque le Néo-Destour est indépendantiste, cependant, les autorités du protectorat ne laissent voir aucune vague d'espoirs : les chefs du Néo-Destour et de l'archeo-destour sont déportés à "borj le boeuf" dans le Sud tunisien.
Malgré tout, Bourguiba encourage à la désobéissance civile, le boycott des produits français. Un changement brutal du gouvernement français amène la France à négocier avec les nationalistes. En effet, Pierre Mendès France est mis à la tête du gouvernement français, et ce dernier reconnaitra l'indépendance de la Tunisie.

Le 20 mars 1956 la tunisie accéde à l'indépendance, le 25 juillet 1958 la Tunisie devient une république menée par Habib Bourguiba.


En conclusion, nous pouvons dire que le protectorat en Tunisie, a eu un impact non négligeable sur tout le pays mais surtout sur la ville deTunis, qui a été marquée par de profondes mutations touchant tous les domaines comme le domaine culturel (architecture, éducation...),économique (industries, exportations...), et social(naturalisation,urbanisation...).Et nous ressentons encore aujourd'hui dans notre vie quotidienne l'influence de cette colonisation qui a indéniablement marqué la Tunisie.
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http://arts-of-islam.blogspot.com/2006/01/qantaras-ville-de-tunis.html>

Imju et laiyal

2 commentaires:

  1. Bon travail avec un récit assez complet et concis. La présentation de la ville a été bien menée mais on regrette de ne pas avoir d'approche plus personnelle de la Tunisie sous le protectorat avec une enquête auprès de la population, mémoire du passé!

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