« Les races supérieures ont un droit sur les races inférieures ». Voici les propos tenus par M. Jules Ferry le 28 juillet 1885 et qui l’ont poussé à démissionner du poste de premier ministre. L'idée que se fait chacun de la légitimité de la colonisation reste des plus subjectifs. Légitime est un mot qui exprime un acte ou une action basée sur le sens moral, et non sur le plan des lois : on parlerait alors de légalité. Nous allons étudier plus en détail la colonisation, notamment celle de l'Afrique du Nord par la France, et ses différents aspects, sur la période du IXème et XXème siècles.
Il faut tout d'abord mettre les colonisations dans leur contexte. A la fin du XIXème siècle, l'Europe souffre économiquement. Après une période de croissance économique avec la 1re Révolution Industrielle, l'Ancien continent sombre dans une crise économique, la Grande Dépression. Cette crise a été causée par une trop grande production de produits manufacturés et à une saturation du marché en Europe. Il a donc fallu trouver des clients réguliers. Les colonies s'avéraient être idéales, fournissant d'autre part des matières premières. D'autre part, certaines futures-colonies étaient en crise économique grave, comme la Tunisie, qui accumulaient les dettes et ne réussissait pas à les payer. Les pays créanciers exerçaient une pression militaires afin d'exiger d'être payés. C'est pourquoi ces pays sont passés sous la tutelle des colonisateurs, avec la certitude d'être protégés.
De plus, les colons vouaient à la colonie une « mission civilisatrice ». En effet, la raison pour laquelle les colons français sont allés en Afrique du Nord ( outre la raison économique ) était l'assimilation des indigènes. Cette assimilation avait pour but d'éduquer les populations, de leur faire parler français et se comporter tel un français afin de les intégrer dans la société française en leur accordant la citoyenneté. Le gouvernement français de l'époque pensait que chaque homme civilisé devait être conscient de ses actes, et c'est pour cela qu'il avait un devoir d'éduquer les indigènes. Le protectorat tunisien a vu par exemple l'apparition de plusieurs écoles comme l'école « Pères Blancs » à Tunis.
La mission civilisatrice touche aussi les sciences et acquis du pays. Ainsi, que ce soit dans les domaines de l'agriculture ou de la médecine, les apports qu'a eu la colonisation sont claires. Les colons ont aussi apportés leur culture, avec le cinéma, le théâtre, la culture, de nouvelles habitudes, des manières de penser différentes, la langue française, … Ce dernier apport a permis l'accès aux sciences modernes, les idées des penseurs et philosophes qui se développaient en Europe.
De plus, puisque le gouvernement était mal en point, les colons ont dû le prendre en main. La plupart des ministères en Tunisie par exemple étaient occupés par des fonctionnaires de l'état français afin d'assurer une stabilité au pays. C'est d'ailleurs cette raison qui a été donné par l'Angleterre afin de gérer l'empire Indien et ses autre colonies. Le fonctionnement de la colonie a été revu par les colons, si ce n'est pour citer le système des impôts en Tunisie ou les agents de fisc, ne touchant pas de salaire, s'attribuaient plus de 90% de ce que les habitants payaient. De plus, l'agriculture ou la distribution d'eau ont été améliorées et modernisées. Des villes alimentées grâce à des citernes seulement, comme Sfax, ne se retrouvent plus dépendantes de celles-ci.
Cependant, le besoin de se justifier et de mettre en avant les progrès réalisés est vu comme certains comme la preuve de l'illégitimité de la période coloniale. Le gouvernement français de 2005 considérait que la colonisation est légitime. En effet, la loi suivante est parue : « Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit ». Elle a été retirée peu de temps après suite aux manifestations et grèves des enseignants contre cette loi. Cette vague de protestations est le signe que la colonisation est considérée, de nos jours, comme illégitime.
Une affaire est arrivée récemment ( 2007 ) jusqu'au « tribunal de première instance belge ». Il s'agit de la bande dessinée Tintin au Congo (1930) dont on dit qu'elle contient "des images et des dialogues porteurs de préjugés racistes abominables, où les indigènes sauvages ressemblent à des singes et parlent comme des imbéciles."
La BD réservée à la jeunesse a été retirée de la vente. Certaines personnes y voyaient des stéréotypes flagrants, des injures raciales … Les Congolais parlent mal le français, ils n'ont aucune valeur que ce soit le partage ou la justice, n'ont aucune connaissance dans les sciences comme la médecine ou les mathématiques, et sont soumis à l'homme blanc, ici bien évidemment Tintin. Ce dernier va jusqu'à les faire travailler de force, comme cela s'est réellement passé, sous les ordres de Léopold II, roi de la Belgique.
D'autres colons ont estimé que les indigènes n'étaient « intellectuellement pas prêts », concernant l'ouverture des écoles dans les colonies. Les écoles étaient justement faites pour ne pas laisser la population indigène dans l'ignorance et pour former une population qui soit plus mûre. Or cette attitude ne le permet pas. En outre, malgré les capacités intellectuelles de certaines personnes faisant partie de l'élite tunisienne, les colons n'ont pas procédé à l'assimilation de ceux-ci dans la société française ( d'où certaines revendications ).
Ils y a différents aspects quant aux apports de la colonisation. L 'apport des colons est peut-être ce qui a permis d'organiser les pays colonisés et de leur donner une impulsion vers l'avant, mais aussi a donné lieu à ce que considèrent certains comme des injustices, d'où le sentiment d'illégitimité de la colonisation. Bien que le gouvernement français garde une position qui est celle de la légitimité de la colonisation, notamment en Afrique du Nord, la population n'est pas toujours de cet avis. La légitimité de tel ou tel acte n'est aussi simple que de définir la légalité d'un acte. La légitimité est donc perçue différemment en fonction des avantages et des inconvénients apportés au pays colonisé. Elle n'est certes pas légale selon la Déclaration des Droits de l'Homme et les 14 points de Wilson (« chaque peuple a le droit de disposer de lui-même »), mais cela n'affecte pas son éventuelle légitimité.
Sources :
Cours de Mme Gailmain : « La Tunisie du milieu du XIXème sicèle jusqu'au années 30 »
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